Asperges
21 04 2008Dans les Dna ce lundi…..
Où sont les asperges ?
La saison des asperges, qui s’étale d’avril à juin, a commencé timidement cette année. Légume printanier par excellence, l’asperge se fait rare et reste donc relativement chère pour l’instant. Enquête sur les étals des marchés strasbourgeois et dans les grandes surfaces.
On ne parle que d’elles depuis quelques semaines. Pourtant, lorsque l’on se rend sur le marché des petits producteurs au château des Rohan à Strasbourg, il faut bien chercher pour trouver une botte d’asperges. « Comme on va vers la fin des légumes d’hiver et que c’est le premier légume frais de la saison, on en parle beaucoup, mais on est bien obligés d’expliquer aux clients qu’il n’y en a pas… », Concède Yvette Mengus derrière son étal, samedi matin. Petits producteurs du côté de Saverne - « où la terre est plus lourde et où l’asperge a plus de mal à se frayer un chemin que dans les terres sablonneuses du côté de Hoerdt »-, Yvette et son mari n’ont qu’une quinzaine d’ares de terre réservés à l’asperge. Raison invoquée pour ce retard : les matinées fraîches où le mercure flirte avec les 5°C.
« Il suffit juste d’un peu de soleil »
Même son de cloche chez un marchand voisin : « Je ne suis pas un spécialiste. Mais ceux qui ont des variétés hâtives en ont déjà, moi j’ai des demi-tardives sur 20 ares », explique le producteur de Hurtigheim. Avant de pronostiquer : « La période est là, il suffit juste d’un peu de soleil et ça va aller vite ». Un peu plus loin, Malou Diemer, exploitante depuis une vingtaine d’années avec son mari à Kolbsheim, est l’une des rares commerçantes à en proposer à la vente : « Il me reste quatre bottes d’un kilo et j’en ai vendu une soixantaine… », Compte-t-elle rapidement.
40 kg contre 150 kg en temps normal
Pour l’exploitante de Kolbsheim, la saison de l’asperge est cruciale : productrice d’asperges sur 80 ares, elle sort dans les champs dès 7 h du matin avec les cinq travailleurs saisonniers qu’elle emploie. « En 24 h, les asperges - qui sont couvertes pour les protéger et pour rester blanches - peuvent pousser jusqu’à 10 cm », souligne-t-elle. Il faut alors les trier, selon leur calibre (16 mm ou 19 mm de diamètre selon la catégorie), les laver et les conditionner en botte. Pour Malou, les asperges représentent 10% de son chiffre d’affaires annuel et, en saison, près de 90% ! « Cette année, il a fait trop froid. Hier, on en a récolté 40 kg. En pleine saison, s’il fait plus chaud, on atteint 150 kg par jour », explique-t-elle. Et Malou de prévoir : « La saison va se tirer en longueur. En général, elle s’arrête fin mai. Mais cette année, on en cueillera encore début juin. »
« Pas un produit intéressant à vendre »
Sur le marché de la Marne, l’un des plus grands de Strasbourg, on trouve de l’asperge. Chez Willy Hufschmitt, spécialiste des fruits à noyau et à pépins, il reste deux bottes en évidence sur l’étal. « J’en ai vendu une trentaine ce matin, mais je n’en produis pas, je me fournis auprès d’un producteur de Kienheim. » Pour lui, comme pour son confrère distributeur de primeurs de Stutzheim, « ce n’est pas un produit intéressant à vendre ». Et pour cause : ils ne font pas de marge bénéficiaire sur les asperges : « Celles d’Alsace tournent autour de 8,50 € voire 9 €. Pour faire de la marge, il nous faudrait les vendre à 10 €… Sauf qu’à ce prix-là, les clients ne les achètent pas. » D’autant qu’un peu plus loin, un autre marchand a réussi à mettre la main sur un lot de 50 bottes de 500 g d’asperges du Sud-ouest qu’il vend à 1,90 € - soit 3,80 € le kilo…
Philippe Dossmann
Dna Édition du Lun 21 avril 2008
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